11 ans pour avoir tué son ami

Courtoisie

Un sexagénaire, qui a tué son ami de huit coups de couteau, à l’été 2019, lors d’une beuverie dans un corridor d’un HLM du Plateau Mont-Royal, passera les 11 prochaines années dans un pénitencier.

Initialement accusé de meurtre non-prémédité, Gérard Petit, 65 ans, a plaidé coupable le 11 janvier, en après-midi,  à une accusation réduite d’homicide involontaire, au palais de justice de Montréal.

Les faits se sont déroulés le 29 juillet 2019. Selon l’exposé des faits présenté par la procureure du DPCP dans ce dossier, Me Katerine Brabant, dans les heures qui ont précédé l’homicide, l’accusé et la victime, Marcel Poirier, âgé de 54 ans, avaient passé la soirée dans le logement de M. Petit, dans un HLM de la rue Henri-Julien, tout en consommant de la bière.

Le crime s’est produit à la sortie du logement, dans le corridor. Un témoin de la fin de l’agression, une voisine, a vu la victime ensanglantée ainsi que M. Petit s’approcher vers elle.

Lors de son interrogatoire avec les policiers de l’escouade des crimes majeurs du SPVM, M. Petit a reconnu avoir poignardé M. Poirier, tout en ajoutant avoir agi en légitime défense.

Huit coups de couteau

Un autre témoin, un voisin, a entendu un cri de douleur provenant du logement de l’accusé. Ce témoin ouvre sa porte et voit la victime ensanglantée. L’accusé fait face à la victime et s’avance vers celle-ci. Afin que l’agression cesse, le témoin s’interpose entre les deux et pousse la victime dans la cage de l’’escalier qui mène à l’extérieur. M. Poirier a alors mentionné qu’il allait revenir.

Suite au crime, à l’aide d’une vadrouille, Gérard Petit nettoie le sang dans le corridor de l’immeuble, le témoin lui apporte une chaudière une guenille d’eau de javel pour le nettoyage.

À 5 h 17 du matin, le témoin appelle le 911, et environ six minutes plus tard, les policiers du SPVM découvrent la victime étendue au sol derrière l’immeuble. Celle-ci n’avait plus de pouls et avait plusieurs lacérations à la poitrine et à l’abdomen. L’accusé a été arrêté vers 5 h 26 sur les lieux du crime.

À la suite de son arrestation, M. Petit a fait plusieurs  déclarations soit sur le lieu du crime, son transport dans un centre opérationnel et durant la procédure d’écrou. Il a notamment mentionné aux policiers « avoir nettoyé le sang avec la moppe. Avez-vous trouvé le couteau? ».

Le décès de la victime a été constaté vers 6 h 12 du matin au Centre hospitalier Notre-Dame. Au total, Marcel Poirier, qui vivait dans la rue au moment des événements et qui rendait visite à M. Petit, occasionnellement, a été poignardé à quatre reprises au thorax, une fois à l’abdomen, une fois sous  l’oreille, une fois au dos et une fois à l’arrière de la cuisse gauche.

Lors de son interrogatoire policier, l’accusé a mentionné que quelques instants avant l’homicide, qu’il souhaitait que la victime quitte son logement puisque M. Poirier déplaçait tout dans l’appartement et qu’il écrasait des pilules sur la table avant de les consommer. La victime a refusé et alors lancé un haltère dans l’assiette.

Selon l’accusé, la victime dit qu’elle va tout détruire dans l’appartement. M. Petit associe le comportement M. Poirier dû au fait à la consommation d’alcool et de pilules de ce dernier.

Il a aussi indiqué que la victime n’a jamais été violente envers lui, mais qu’elle se vantait de l’avoir été envers d’autres personnes.

Gérard Petit se dirige alors vers l’extérieur de son logement dans l’espoir que la victime le suive et quitte les lieux. M. Poirier suit l’accusé et alors que tous les deux sont dans le corridor, M. Petit croit avoir aperçu un couteau dans la main de la victime. Selon lui, il s’agit d’un  couteau qu’il laissait sur son comptoir pour couper sa viande. Le couteau sera trouvé sur la scène dans un bidon d’eau de javel vide.

M Petit ajoute, dans sa rencontre avec les enquêteurs, qu’il ne prend alors pas de chance et saisit fermement le poignet de la victime. À ce moment, il a l’impression que c’est lui ou la victime. Il affirme avoir retourné le couteau en direction de M. Poirier et l’avoir poignardé à plusieurs reprises alors que ce dernier conservait le couteau dans sa main droite.

Alors que la victime avait le couteau dans ses mains, l’accusé mentionne que les deux hommes se sont chamaillés dans le corridor. M. Petit pense alors que la victime a toujours eu le couteau dans ses mains alors qu’il retournait la porte contre cette dernière. Il n’exclut pas d’avoir eu le couteau dans ses mains lors de certains coups mais ne peut l’affirmer. Il ne souvient pas du nombre de coups qu’il a donné à la victime, ayant aussi de la difficulté à expliquer le coup dans le dos.

Le pathologiste qui a pratiqué l’autopsie sur le défunt a conclu que le décès avait été causé par un traumatisme thoracique et abdominal causé par un objet piquant et tranchant.

Suite à l’analyse de prélèvements, par une biologiste judiciaire, la combinaison de trois contributeurs ont été décelé sur le manche du couteau trouvé dans le contenant d’eau de javel. Ce prélèvement supporte l’inclusion de l’ADN de la victime et de l’accusé. Des traces d’ADN de la victime ont été retrouvées sur la main gauche de l’accusé et sur le sang de ses chaussettes.

Dans une lettre lue devant le tribunal par Me Brabant, la sœur de M. Poirier a précisé que ce dernier était toujours pour aider les autres et qu’il s’oubliait et vivait pour les autres. « J’ai vu les coups de couteau que mon frère a reçu et ces images me hante. Mon frère était la seule chose qu’il me restait et M. Petit m’a enlevé une partie de moi-même », a mentionné la dame éplorée.

«  La seule chose que je regrette c’est cet incident-là.  M. Poirier était un ami pour moi. Je n’ai jamais voulu le tuer ce soir-là » a déclaré, repentant, M. Petit lorsqu’invité à prendre la parole devant la juge Catherine Perreault, de la Cour supérieure, qui présidait l’audience.

La juge Perreault, de la Cour supérieure a entériné la suggestion commune de 11 ans faite par la Couronne et la Défense, Me James Dawson.

La magistrate a cependant retranché 1347 jours de détention préventive (898 jours calculé à 1,5 jour), ce qui signifie qu’il reste à l’accusé sept ans, trois mois et 23 jours à l’accusé à purger.