La SODEC étouffe le cinéma documentaire québécois

Courtoisie

De nombreux cinéastes, documentaristes et artisans du milieu du cinéma québécois signent ces jours-ci une lettre pour remettre en question le sous-financement de la production des films documentaires au sein de la Société de développement des entreprises culturelles (SODEC).

Leur lettre dénonce entre autre une coupure de 50% des investissements de la SODEC dans la production documentaire, particulièrement au cours de la dernière décennie.

En effet, selon son rapport annuel, la SODEC a investi uniquement 3,4% de son budget dans la production de moyens et longs métrages documentaires pour l’exercice financier 2020-2021. Ainsi, le rapport fait état de dix-sept productions qui se sont partagé la somme de 1 407 500 $, alors que le cinéma de fiction a reçu plus de 38 millions pour 32 films, ce qui représente 92% du budget total de la SODEC pour le cinéma. À titre de comparaison, en 2004, alors que le montant d’aide à la production de la SODEC était de 16 millions $, la part allouée au documentaire se chiffrait à 2.5 millions $, soit 15% du budget avec 56 documentaires produits.

« C’est une baisse historique, une gifle à la face des artisans du documentaire et envers les entreprises de production qui n’arrivent plus à financer les films. » , a déclaré Denys Desjardins, cinéaste et producteur.

Signée par plus de 650 personnes, la lettre regroupe de très nombreux cinéastes et producteurs, tant en fiction qu’en documentaire, mais aussi des artisans, scénaristes, écrivains, acteurs. Au nombre des signataires figurent entre autres Richard Desjardins, de même que des pionniers du cinéma comme Fernand Dansereau, Marcel Carrière, Claude Fournier, Jacques Godbout, André Gladu, Serge Giguère, et des grands noms du cinéma de fiction, dont Denys Arcand, Denis Villeneuve, Philippe Falardeau, Léa Pool, Sophie Deraspe, Luc Dionne, etc.  Tous s’accordent pour rappeler le rôle fondamental joué par le cinéma documentaire au Québec, non seulement sur le plan de l’histoire du cinéma québécois sur la scène mondiale, mais sur le plan de la réflexion démocratique apportée par les films documentaires qui font preuve d’audace. 

La lettre fait appel à la raison et à la solidarité du milieu du cinéma afin que la SODEC réinvestisse l’argent qui a été retiré au financement du documentaire au cours des vingt dernières années où elle a obtenu une augmentation considérable de sa dotation de la part du gouvernement : « Nous exigeons que la SODEC gère l’argent public dans un esprit de cohérence avec le caractère singulier et spécifique de la cinématographie québécoise» ont déclaré les signataires de cette lettre.