Bilan de la 44e édition du Festival International de Jazz de Montréal

Courtoisie du Festival International de Jazz de Montréal

La 44e édition du Festival International de Jazz de Montréal, présentée par le Groupe Banque TD en collaboration avec Rio Tinto, avec sa programmation audacieuse et ses artistes de tous les horizons, a fait vibrer la métropole pendant 10 jours au rythme des découvertes et des moments mémorables.

L’enthousiasme remarquable des centaines de milliers de festivalier·ères, incluant une augmentation significative du nombre de touristes, prouve la pertinence du jazz comme élément rassembleur sur scène, dans la foule et dans le paysage musical actuel.

L’édition 2024 aura été l’occasion de confirmer le statut d’artiste majeur de plusieurs musicien·nes, en plus d’en consacrer d’autres qu’on a déjà hâte de revoir à Montréal.

C’est notamment le cas de beaucoup d’artistes féminines, qui ont brillé sur les scènes du Festival : l’exceptionnelle Norah Jones, entourée d’instrumentistes virtuoses, dont le batteur Brian Blade; la plus que populaire chanteuse islando-chinoise, Laufey, qui en plus d’avoir offert deux prestations la même journée, s’est vu remettre le prix Ella-Fitzgerald du Festival pour son talent remarquable et son influence majeure sur la scène internationale; la Montréalaise Alexandra Stréliski, qui s’est révélée au sommet de son art avec un magnifique concert orchestral présenté à deux reprises à guichets fermés à la Maison symphonique; Ichiko Aoba, du Japon, qui a joué accompagnée d’un quintette de cordes local et enfin la lumineuse Dominique Fils-Aimé, dont la voix puissante et profonde a envoûté, lors du Grand Rendez-Vous Loto-Québec sur la Scène TD, une place des Festivals bien remplie – quoique ruisselante de pluie.  

Partout sur le site, d’autres auront su s’imposer comme les grands d’aujourd’hui et de demain : l’inclassable batteur et compositeur anglais Yussef Dayes, l’excellent trompettiste de La Nouvelle-Orléans Chief Adjuah (auparavant Christian Scott), le prolifique guitariste Julian Lage, le populaire musicien de blues Cédric Burnside, et l’intarissable saxophoniste Kenny Garrett, que son avant-gardisme place déjà au statut de la légende vivante.

« Ce que je retiens de cette 44e édition, c’est à quel point nous sommes chanceux et chanceuses d’avoir un festival de jazz d’une telle envergure chez nous », confie Maurin Auxéméry, le directeur de la programmation« Lorsque je me suis entretenu avec des journalistes et festivalier·ères en visite dans la métropole ces derniers jours, j’ai compris l’immense privilège qu’on a d’avoir un événement aussi populaire ici, aimé, voire adulé autant par le public que les artistes. »

La soirée la plus émotive de cette 44e édition ? Sans aucun doute le spectacle MIXTAPE : Un hommage musical à Jean-Marc Vallée, mettant en vedette Patrick Watson, Elisapie, Alexandra Stréliski, Martha Wainwright, Beyries, Maxime Le Flaguais, Pierre-Luc Brillant et Pilou dans une mise en scène de Marc-André Grondin, avec Beyries et Alex Vallée à la direction artistique et Jean-Phi Goncalves à la direction musicale. Présenté dans une salle Wilfrid-Pelletier pleine à craquer, ce spectacle conçu spécialement pour le Festival n’a été rien de moins que poignant. Généralement, on célèbre les musicien·nes; ce soir-là, on a célébré la vie et l’œuvre de l’un des plus grands amoureux de musique que le cinéma ait connu. 
 
Sa carrière internationale en fulgurante ascension, le Bruxellois basé à Montréal Apashe est monté sur la Scène TD en héros, accompagné par un orchestre de 25 musicien·nes ! Il a offert devant une foule monstre un concert épique, à grand déploiement, qui a littéralement renversé la foule
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Reconnu pour sa versatilité, son inventivité et sa virtuosité, le trompettiste américain Keyon Harrold a réalisé l’exploit de présenter au Festival trois différents concepts scéniques : le spectacle de son album Foreverland, un disque post-bop unanimement encensé; une prestation de haut vol en duo avec l’innovateur pianiste texan Jason Moran; et enfin un Trumpet Summit exclusif au Festival, réunissant sur scène l’incontournable Theo Croker et les prometteurs Maurice Brown et Rémi Cormier. Ce dernier est un des excellents joueurs de la scène locale, dont le talent a ainsi pu être mis en valeur. Une incroyable vitrine !
 
Le Festival a été l’occasion d’une rencontre intergénérationnelle au sommet entre deux grosses pointures jazz, à la fois des académiques, des esprits libres et des avant-gardistes : le trompettiste américain Ambrose Akinmusire et le contrebassiste anglais Dave Holland. Une idée de notre équipe qui a créé son lot d’étincelles sur scène.

C’est en jouant d’audace que le Festival aura pu mettre la lumière sur nombre d’artistes jazz locaux et internationaux promus à un brillant avenir – et dont Montréal aura pu apprécier très tôt le talent. Du lot : la chanteuse américaine d’origine haïtienne et française Naïka, autrice d’une pop afro et antillaise magnétique; la Camerounaise Ekep Nkwelle, digne héritière d’Ella Fitzgerald; la poétesse Aja Monet, dont la puissance et la beauté des mots égalent celle d’une voix inimitable; l’inoubliable et suave Adi Oasis, femme de roc et bassiste redoutable, les frères Dana and Alden, jeunes premiers du jazz cool de la nouvelle génération, et l’incroyable pianiste montréalais Théo Abellard, dont le jeu impeccable a subjugué l’assistance.
 
Quelques nouveaux génies de l’électro-analogue ne seront pas non plus passés sous silence, que l’on pense aux Québécois de PATCHE et du projet Mélissa Fortin, de calibre international; sans oublier les Européens de L’Éclair, de Suisse, et TUKAN, de Belgique, tous des machines de scène.Avec l’appui du Gouvernement du Québec, par le biais du ministère de la Culture et des Communications du Québec et de la SODEC,FIJM XP, le volet professionnel du Festival, qui en était à sa deuxième édition, a accueilli quelque 80 décideurs·euses de l’industrie de la musique canadienne et internationale. Des acheteurs·euses et des vendeurs·euses de talent en sont repartis l’œil brillant, les oreilles pleines et le carnet de contacts canadiens bien rempli.

Rapidement érigé comme quartier général des mélomanes dès le début du Festival, Le PHONO présenté par TD Assurance, situé au 2e étage de la Maison du Festival, a connu une popularité au-delà des attentes. L’endroit s’est imposé comme un arrêt incontournable pour siroter un cocktail signature en écoutant les vinyles de différents DJs ou pour assister à une session de L’Académie, la nouvelle série d’événements gratuits du Festival qui a connu un franc succès en favorisant la pratique musicale par le partage des connaissances et la création de ponts entre les artistes et la communauté montréalaise. Malgré les files qui se formaient chaque jour devant la Maison du Festival, une foule de 500 privilégié·es au total ont pu participer aux ateliers et écouter les enseignements d’Ambrose Akinmusire, Chief Adjuah, Makaya McCraven et de plusieurs autres sommités du jazz. Soulignons également le succès de l’Académie FIJM sur la route, une activité réalisée avec la Maison des Jeunes de la Côte-Des-Neiges chez qui nous avons invité l’artiste Georgia Anne Muldrow pour une session d’écoute de musique produite par les jeunes.

Plusieurs milliers de personnes ont visité l’exposition Je rêvais d’un festival présentée à la Place des Arts du 27 juin au 6 juillet rendant hommage au dynamisme et à la créativité déployés par Alain Simard, fondateur du FIJM, pour la promotion des arts de la scène et la démocratisation de la culture au Québec. Parmi eux, 1000 enthousiastes sont allé·es à la rencontre d’Alain qui était sur place tous les soirs et qui a signé plus de 400 dédicaces de son livre du même nom, et bon nombre ont contribué à la popularité de la vente aux enchères de quelques-uns de ses prestigieux objets de collection au profit de la Fondation de la Place des Arts. L’équipe du FIJM est bien fière de son créateur et de toutes ses réalisations mises en valeur à travers ce beau succès !
 
Il est encore temps de se procurer le livre Je rêvais d’un festivalun récit autobiographique signé par Alain Simard et truffé d’anecdotes savoureuses et de réflexions.