Une équipe de chercheurs canadiens et français vient de confirmer que le nord du Québec abrite les plus anciennes roches connues sur Terre, datant de 4,16 milliards d’années.
Dirigée par Jonathan O’Neil, professeur agrégé au Département des sciences de la Terre et de l’environnement à l’Université d’Ottawa, cette découverte majeure est le fruit d’une collaboration entre Christian Sole (qui a terminé sa maîtrise à l’Université d’Ottawa en 2021), Hanika Rizo (professeure à l’Université Carleton), Jean-Louis Paquette (chercheur au Centre national de la recherche scientifique (CNRS), au Laboratoire Magmas et Volcans de l’Université Clermont-Auvergne, France, maintenant décédé), David Benn (ancien étudiant au baccalauréat à uOttawa) et Joeli Plakholm (ancienne étudiante au baccalauréat à l’Université Carleton).
Le professeur O’Neil, qui a supervisé l’étude originale, explique : « Les résultats obtenus lors de la maîtrise de Christian Sole étaient extrêmement prometteurs. Nous avons poursuivi la recherche après la finalisation de sa maîtrise pour confirmer l’âge exceptionnel de ces roches. »
Un site géologique exceptionnel
Les échantillons ont été collectés en 2017 près de la municipalité d’Inukjuak, au Nunavik, dans le cadre du projet de maîtrise de Christian Sole. Après des analyses préliminaires, des travaux additionnels ont été menés à l’Université d’Ottawa et à l’Université Carleton afin de confirmer l’ancienneté des roches.
« Depuis plus de 15 ans, la communauté scientifique débat de l’âge des roches volcaniques du nord du Québec. Nos recherches antérieures suggéraient qu’elles pourraient dater de 4,3 milliards d’années, mais ce n’était pas un consensus », rappelle le professeur O’Neil.
Une fenêtre sur la Terre primitive
L’étude actuelle démontre que des roches intrusives traversant ces formations volcaniques sont âgées de 4,16 milliards d’années, ce qui confirme que les roches volcaniques sont nécessairement plus anciennes, et donc que cette région du nord canadien abrite bel et bien les plus vieilles roches terrestres connues. « Cette confirmation positionne la ceinture de Nuvvuagittuq comme le seul endroit sur Terre où l’on retrouve des roches formées pendant l’Hadéen, soit pendant les premiers 500 millions d’années de l’histoire de notre planète », précise le professeur O’Neil.
Pour établir l’âge de ces roches, les chercheurs ont combiné la pétrologie et la géochimie et employé deux méthodes de datation radiométriques utilisant différents isotopes des éléments samarium et néodyme comme deux chronomètres indépendants donnant le même âge de 4,16 milliards d’années. Cette avancée offre une fenêtre unique sur la Terre primitive. « Comprendre ces roches, c’est remonter aux tout débuts de notre planète. Cela nous aide à mieux saisir comment les premiers continents se sont formés et à reconstituer l’environnement où la vie aurait pu émerger », conclut le professeur O’Neil.
Pour en savoir plus, consultez l’étude publiée dans le journal « Science », intitulée « Evidence for Hadean mafic intrusions in the Nuvvuagittuq Greenstone Belt, Canada».