Agissant pour affronter la crise des vulnérabilités, la Ville de Montréal annonce le déploiement de l’Équipe mobile de médiation et d’intervention sociale (ÉMMIS) sur l’ensemble du territoire de la métropole, dès 2025.
Cet élargissement de l’offre de services de l’ÉMMIS est rendu possible grâce à des nouvelles ententes établies avec la Société de développement social (SDS) et l’organisme Équijustice. Des discussions sont également en cours avec un troisième organisme pour étendre les services à la zone du nord-est de l’île de Montréal, en 2025. Ce nouveau déploiement de l’ÉMMIS découle d’un financement de 50 M$, provenant à parts égales de la Ville de Montréal et du ministère de la Sécurité publique du gouvernement du Québec, jusqu’en 2028.
Notons qu’en 2025, la population ainsi que les commerçantes et les commerçants pourront profiter d’un nouveau service, en rejoignant l’ÉMMIS via le Centre de référence du Grand Montréal (211).
Portrait de l’ÉMMIS dans l’espace public
Constituant une innovation municipale au Québec, l’ÉMMIS est composée d’intervenantes et d’intervenants sociaux civils de première ligne, qui agit pour offrir une réponse sociale municipale immédiate, ponctuelle et non urgente dans l’espace public face à des enjeux de cohabitation sociale liés au partage de l’espace public. Elle a été mise en place par la Ville de Montréal sous forme de projet pilote en 2021 dans l’arrondissement de Ville-Marie, et ne cesse de croître depuis.
L’équipe compte actuellement 52 intervenantes et intervenants, qui sont déployés dans les arrondissements de Ville-Marie, du Plateau-Mont-Royal, de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve et du Sud-Ouest. Depuis l’hiver 2024, l’ÉMMIS œuvre aussi dans le métro de Montréal.
L’ÉMMIS répond à des besoins importants, comme en témoignent les plus récentes données recueillies :
- De 2023 à 2024, l’ÉMMIS est passé de 4 à 9 appels par jour en moyenne ;
- En 2023, plus de 15 000 interventions ont été réalisées dans les 4 arrondissements où l’ÉMMIS est présente ;
- En 2023, 15 % des demandes provenaient de la population et des commerces ;
- 1 075 interventions de l’ÉMMIS ont été réalisées dans le métro entre février et juin 2024.
L’EMMIS, un service complémentaire au travail policier
Le SPVM est à l’origine de 30 % des appels de l’ÉMMIS, qui agit en complémentarité au travail policier. En prenant le relais d’interventions policières, les membres de l’ÉMMIS permettent aux services policiers de se concentrer sur les situations criminelles et urgentes.
L’ÉMMIS appuie aussi le travail des organismes, la moitié des appels reçus provenant du milieu communautaire. Ce faisant, l’ÉMMIS aide ces organismes en effectuant surtout du référencement et du raccompagnement en voiture. Soulignons que l’ÉMMIS n’est toutefois pas une équipe mixte et qu’elle ne fait pas du travail de rue. À cet effet, bien qu’elle œuvre directement en première ligne, l’ÉMMIS n’offre pas des soins de santé ni d’évaluation de l’état de santé mentale d’une personne.
« Bien que les pouvoirs d’action de la Ville soient limités pour répondre à la crise des vulnérabilités, l’ÉMMIS est devenu une composante essentielle du sentiment de sécurité dans les quartiers montréalais. La crise du logement, les enjeux de santé mentale, l’augmentation de l’itinérance, la toxicomanie et le coût de la vie génèrent des besoins criants qui doivent de plus en plus être répondus dans la rue et l’espace public. L’ÉMMIS est une innovation montréalaise qui a fait ses preuves et qui s’impose comme un outil supplémentaire essentiel, que nous sommes fiers de déployer partout à Montréal. Il s’agit d’une réponse concrète pour répondre à la crise des vulnérabilités, qui nécessite des solutions collectives partagées entre tous les paliers », a déclaré la mairesse de Montréal, Valérie Plante.
« Le gouvernement du Québec, à travers la stratégie CENTAURE, investit des sommes importantes pour assurer la sécurité des Québécois dans la région métropolitaine. L’enveloppe de 25 M$ utilisée pour le déploiement d’ÉMMIS permet à la Ville de Montréal de lancer et tester une approche innovante sur son territoire. Pour nous, il est important d’appuyer les municipalités dans le démarrage et le lancement de ces projets pour qu’elles puissent ainsi mesurer l’impact sur leurs communautés avant de les pérenniser à même leurs budgets », a ajouté François Bonnardel, ministre de la Sécurité publique du Québec et ministre responsable de la région de l’Estrie.
« En désamorçant les situations de crises dans l’espace public, l’ÉMMIS fait un travail essentiel, qui passe encore trop souvent inaperçu. Les équipes continueront d’améliorer leurs pratiques afin de favoriser la cohabitation sociale dans nos quartiers. Par les expertises combinées de nos partenaires communautaires, nous pourrons améliorer et adapter les services offerts dans l’ensemble des arrondissements. Comme toujours, l’ÉMMIS se déploie avec la collaboration des membres des écosystèmes locaux déjà présents et se veut complémentaire à leur travail. À terme, nous espérons qu’avec les autres actions de la Ville et des autres parties prenantes, l’ÉMMIS puisse, de plus en plus, jouer un rôle en amont des situations difficiles », a souligné la responsable de la diversité et de l’inclusion sociale au comité exécutif de la Ville de Montréal, Josefina Blanco.
« La Société de développement social est fière de poursuivre son implication dans le projet ÉMMIS. Depuis 2021, nous avons œuvré avec la Ville et les partenaires locaux à construire une offre de service adaptée répondant aux enjeux de cohabitation sociale dans l’espace public et dans le métro montréalais. La présence de nos intervenantes et de nos intervenants augmente le sentiment de sécurité et offre des occasions à des personnes en situation de vulnérabilité d’être mises en relation avec des ressources adaptées à leurs besoins. Nous sommes plus qu’enthousiastes à l’idée de poursuivre nos actions avec les nouveaux organismes porteurs de l’EMMIS et à étendre nos services dans d’autres arrondissements », a affirmé Vincent Morel, directeur de l’ÉMMIS pour la Société de développement social.
« Équijustice est une organisation spécialisée en justice réparatrice et en médiation depuis près de 40 ans. Fidèles à notre esprit de collaboration, nous aspirons à travailler étroitement avec toutes les organisations qui sont préoccupées par les défis du vivre-ensemble. C’est pourquoi il nous fait plaisir de joindre nos efforts à ceux de nos partenaires pour offrir à la population de Montréal des alternatives à la gestion des situations problématiques qui surviennent dans le partage de l’espace public. Nous sommes convaincus qu’il est possible de mettre en place des espaces d’échanges respectueux, où chacun peut être entendu, et ensemble participer au développement d’une société plus équitable », a souligné Luc Simard, directeur de la médiation sociale, Équijustice.
« Je tiens à remercier la Ville de Montréal d’intégrer le 211 au déploiement du projet ÉMMIS. Il s’agit d’une évolution significative pour notre service qui assurera une répartition efficace des appels liés aux enjeux de cohabitation sociale, 24 heures sur 24. Le partenariat est naturel puisque le 211 possède une expertise en information et référence ainsi qu’un ancrage important dans les milieux communautaires et les services sociaux, permettant de diriger les personnes vulnérables vers des ressources pouvant les aider à sortir d’une situation difficile. Nous avons hâte de débuter cette collaboration avec l’ensemble des partenaires impliqués », a soutenu Heather Jonhston, directrice générale, Centre de référence du Grand Montréal.