Des actions nécessaires pour contrer les effets néfastes de la surpopulation de cerfs dans l’Est de Montréal

Courtoisie de la Ville de Montréal

Devant la nécessité de répondre aux enjeux de sécurité et de santé découlant de la surpopulation de cerfs, ainsi que de minimiser les impacts environnementaux qui y sont liés, le comité d’experts réputés mis en place par la Ville de Montréal recommande de procéder, dès l’automne 2024, à la réduction de la taille du cheptel des parcs de l’Est. Actuellement, 165 cerfs se retrouvent dans les parcs de l’Est de l’île, alors que leur capacité se limite à 25 individus. Ce nombre continue d’augmenter à un rythme accéléré.    

Toutes les méthodes de contrôle de la population des cerfs ont été évaluées et les mesures recommandées par le comité technique et scientifique ont fait l’objet d’une analyse approfondie et indépendante, menée avec rigueur, sensibilité et sérieux. 

Les interventions prévues dans les deux parcs visent à réguler la population et à minimiser les effets néfastes suivants : 

·       Hausse des accidents routiers impliquant un cerf : entre 2022 et 2023 seulement, 86 collisions sont survenues;

·       Dégradation importante de l’intégrité des écosystèmes, dont la disparation quasi totale du trille blanc et la prolifération d’espèces envahissantes, telles que le nerprun;

·       Impossibilité de regénérer le couvert forestier en raison du broutage systématique des jeunes arbres;

·       Équilibre écologique des parcs menacé;

·       Accroissement de la déforestation 

·       Rareté de la nourriture disponible pour les cerfs, ce qui met en péril leur bien-être; 

·       Diminution marquée du nombre et des variétés d’oiseaux forestiers;

·       Augmentation de la propagation des tiques à pattes noires, qui peuvent transmettre la maladie de Lyme. 

Devant l’augmentation de 253 % de la population de cerfs dans les parcs de la Pointe-aux-Prairies et du Bois-d’Anjou depuis 2021, le comité d’experts recommande à la Ville de Montréal de procéder à la réduction du cheptel dès l’automne 2024. Guidé par la nécessité de procéder rapidement et d’assurer le bien-être des animaux tout au long de l’opération, le comité d’experts recommande de mandater des tireurs professionnels, qui mèneront une opération de réduction du cheptel encadrée strictement par un protocole de sécurité. Ce type d’intervention a été réalisé avec succès, notamment au parc national du Mont-Saint-Bruno et au parc national des Îles-de-Boucherville

Cette recommandation a été formulée à la suite de l’évaluation de toutes les alternatives possibles, incluant la relocalisation des individus. Cette option n’a pas été recommandée par le comité scientifique et technique ni par le ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la faune et des parcs (MECLCCFP), notamment parce que la relocalisation comporte de nombreux risques, particulièrement lorsque les animaux doivent être déplacés sur de longues distances. Ce type d’intervention est complexe et pose des risques élevés de blessures ou de complications qui peuvent entraîner le décès des cerfs.

La Ville de Montréal collabore avec le ministère depuis une quinzaine d’années afin d’obtenir un accompagnement face à cette problématique et d’évaluer les différentes solutions possibles en fonction d’expériences similaires qui sont documentées dans la littérature scientifique, ainsi que pour l’obtention des permis nécessaires. 

Développer une gestion sécuritaire et responsable des cerfs dans la région métropolitaine  

Souhaitant limiter au maximum la nécessité que des interventions léthales ne se révèlent essentielles à nouveau, la Ville de Montréal a comme objectif de mettre en place des mesures de réduction de la fertilité. Les résultats de l’étude PARCS en santé permettront d’alimenter cette réflexion.

Ainsi, la Ville de Montréal se joint au projet de recherche transdisciplinaire PARCS en santé, qui réunit la Ville de Longueuil (parc Michel-Chartrand et le Boisé du Tremblay), la Ville de Saint-Bruno-de-Montarville, la Ville de Sainte-Julie, la SÉPAQ (parc national du Mont-Saint-Bruno, parc national des Îles-de-Boucherville, parc national de la Yamaska), le ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs du Québec, Ouranos, le ministère de la Santé et des Services sociaux, l’Agence de la santé publique du Canada, le CISSS Montérégie-Centre et le CIUSSS de l’Estrie.   

D’une durée de cinq ans et financées à hauteur de 2 M$, dont 98 000 $ proviennent de la Ville de Montréal, le projet permettra notamment d’acquérir des connaissances sur les déplacements des cerfs et la connectivité à travers la région métropolitaine. Ces études permettront au comité technique et scientifique d’évaluer des mesures de contrôle de la fertilité afin de restreindre la croissance de la population et d’ainsi réduire la fréquence des interventions de réduction des cheptels.

Rappelons que la Ville a été très proactive au cours des dernières années pour réduire les effets néfastes de la surpopulation de cerfs dans l’Est de Montréal et continuera de mener des efforts continus pour protéger la biodiversité sur son territoire. 

·       Plantations pour regénérer les milieux écologiques sur 3,7 hectares, soit l’équivalent de 7 terrains de football; 

·       Établissement d’exclos de près de 2,5 m de hauteur pour protéger des secteurs sur 0,5 hectare, soit l’équivalent d’un terrain de football; 

·       Installation de signalisation pour éviter les accidents de la route;

·       Participation au comité coordonné par le MELCCFP avec les autres grandes villes du sud ayant cette problématique pour apprendre de leurs approches; 

·       Dénombrements réguliers.

« La stratégie de gestion des cerfs proposée aujourd’hui s’appuie sur des recommandations du comité technique et scientifique qui regroupent des experts de différents milieux. La réduction du cheptel n’est pas une décision que la Ville de Montréal prend à la légère. Elle est nécessaire selon les recommandations reçues et se fera dans le plus grand respect des animaux, en limitant leur souffrance au maximum. Nous ne souhaitons pas avoir à refaire ce genre d’intervention et c’est pourquoi la Ville de Montréal se joint à l’étude PARCS en santé, qui permettra notamment de mieux comprendre le déplacement des cerfs, des connaissances essentielles pour évaluer la faisabilité d’une stratégie de stérilisation, à la lumière de données probantes. Elle permettra d’avoir une solution pérenne, sécuritaire et responsable pour assurer la protection de la santé des citoyennes et des citoyens ainsi que de la biodiversité dans l’Est de Montréal», a déclaré Laurence Lavigne Lalonde, responsable des grands parcs, du Mont-Royal et du Parc Jean-Drapeau au sein du comité exécutif.

« Face à l’explosion démographique des cerfs de Virginie dans les parcs-nature de l’Est de Montréal et à leurs impacts sur la santé des écosystèmes, des animaux et des humains, le comité technique et scientifique conclut à la nécessité d’une intervention rapide de réduction de la population de cerfs. L’ampleur de l’effort requis nous mène à recommander l’utilisation de tireurs professionnels pour mener une opération efficace, sécuritaire et qui respecte les lignes directrices sur les soins et l’utilisation des animaux sauvages. Le comité insiste sur la nécessité de poursuivre l’acquisition de connaissances en continu pour favoriser le développement d’une stratégie d’intervention intégrée et durable », a expliqué Jean-Pierre Tremblay, professeur au département de biologie de l’Université Laval.

À propos du Comité technique et scientifique

Les recommandations du comité d’experts ont été formulées par des biologistes et des vétérinaires provenant de la Ville de Montréal, du MELCCFP et des professeurs de l’Université de Montréal, de l’Université Laval, de l’Université du Québec en Outaouais et de l’Université du Québec à Chicoutimi.