Le redéveloppement envisagé dans le secteur Bridge – Bonaventure – Pointe-du-Moulin est une occasion à ne pas manquer, mais qui doit se faire en harmonie avec les zones d’emplois actuelles et à développer, et l’architecture des bâtiments doit être innovante et audacieuse. Il faut également miser sur la singularité du territoire et rechercher un effet remarquable dans chaque geste posé.
Telles sont quelques-unes des constatations contenues dans le rapport rédigé sur la démarche consultative tenue cet été auprès de 19 organismes sociaux et économiques, à l’initiative d’un consortium regroupant des professionnels en architecture, en urbanisme et en développement immobilier.
Animées par Arnold Beaudin et Guy DeRepentigny, ces rencontres avaient pour but de sonder davantage ces organismes sur la vision de développement du secteur Bridge – Bonaventure – Pointe-du-Moulin, rendue publique le 31 mai dernier par les membres du consortium (Provencher_Roy, Fahey & Associés, Lemay, ACDF, Neuf Architectes, Cycle Capital, Groupe Devimco, Broccolini, Groupe MACH et COPRIM).
Les acteurs socio-économiques rencontrés ont apprécié tout autant la volonté des membres du consortium d’établir un dialogue que l’approche de développement durable préconisée, la place faite aux différents modes de transport, le respect du Règlement pour une métropole mixte de la Ville de Montréal, ainsi que la revitalisation de Pointe-du-Moulin notamment par le projet de l’Ambassade Autochtone, le Centre d’interprétation de l’industrialisation de Montréal, l’intégration du volet d’agriculture urbaine dans les silos et la présence du musée Pointe-à-Callière.
D’autre part, toutes les personnes rencontrées ont reconnu le positionnement stratégique du secteur en raison de son lien immédiat avec le centre-ville, et de son statut d’entrée de ville. Certains ont proposé un mode de transport collectif dans un axe est-ouest qui permettrait un meilleur accès au territoire.
« Tous et toutes s’accordent pour dire qu’il s’agit d’une occasion unique de s’attaquer aux grands enjeux actuels, notamment d’augmenter l’offre de logements, dont le logement abordable, d’introduire des aménagements et une mobilité durable, de réduire l’empreinte carbone, d’assurer une gestion plus efficace des eaux, d’offrir un environnement-type de la nouvelle normalité post-covid, et d’innover dans l’architecture des bâtiments », ont souligné les deux auteurs du rapport.
Il ressort également que des milieux de vie diversifiés, avec des services de proximité, semblent faire consensus.Autres remarques et propositions
- Le patrimoine industriel du territoire constitue un atout stratégique devant être mis en valeur et animé grâce à la mixité des usages, dont la présence d’une zone d’innovation en technologies propres. Le projet de l’Écoquartier des artisans et des métiers reçoit un appui de plusieurs des organismes. Les promoteurs de ce projet sont convaincus qu’en misant plus et de manière mieux réfléchie sur leur secteur d’activités, en plus de vouloir attirer de nouvelles activités économiques innovantes, la Vision serait plus étroitement liée à l’histoire et au patrimoine du Canal de Lachine et se démarquerait plus fortement à l’international, notamment en matière touristique.
- Le secteur recèle d’ailleurs un potentiel significatif pour en faire un lieu de formation pour des métiers traditionnels qui trouvent peine à trouver une main d’œuvre suffisante.
- L’axe patrimonial et culturel devrait être renforcé. Selon certains, c’est même l’un des points faibles.
- Presque tous les intervenants ont souligné la difficulté de circuler aisément sur le territoire. Compte tenu de la volonté d’y amener plus de travailleurs et de résidents, il faudra implanter des solutions structurantes en amont, notamment en matière de transport collectif et actif, en plus de réduire la circulation de transit dans les quartiers pour l’amener sur les grands axes, dont l’autoroute Bonaventure.
- Plusieurs se questionnent sur la cohabitation possible du résidentiel à proximité de zones industrielles lourdes, mais il y a une ouverture en autant qu’il y a présence d’une zone tampon suffisante.
Enfin, les auteurs du rapport recommandent aux membres du consortium de poursuivre le dialogue avec les organismes concernés et préparer pour cet automne du nouveau matériel mettant l’emphase sur le projet urbain proposé. Ils proposent aussi de travailler encore plus étroitement avec la Société immobilière du Canada, importante propriétaire de terrains dans le secteur, pour le développement du projet urbain.Des recommandations concernant la Ville de Montréal
- Réitérer la demande à la Ville de Montréal de mettre en place un bureau de projet responsable de coordonner à l’interne l’ensemble des services et arrondissements concernés.
- Appuyer la proposition de la Ville de Montréal visant à faire évoluer la Table de concertation Bridge – Bonaventure en une table de suivi de la mise en œuvre.
- Mettre en place une démarche visant à doter le secteur Bridge – Bonaventure – Pointe-du-Moulin d’un plan de développement urbain, économique et social (PDUÉS).
- Enfin, mettre en place un cadre règlementaire qui permettra la réalisation de toutes les composantes du plan de développement urbain planifié.
Organismes rencontrés
Les organismes rencontrés sont : Action Gardien, Atelier Habitation Montréal, Bâtir son quartier, la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, la Chambre de commerce et d’industrie du Sud-Ouest de Montréal, le Comité logement Ville-Marie, le Conseil des métiers d’art du Québec, le Conseil régional de l’environnement de Montréal, Héritage Montréal, Les Forges de Montréal, Parcs Canada, le Regroupement Information Logement Pointe Saint-Charles, Groupe CDH, RÉSO, SDC Les quartiers du Canal, Rayside |Labossière, la Société d’histoire de Montréal, la Société immobilière du Canada et Vivre en ville. Michel Archambault, professeur émérite à l’UQÀM, a aussi été consulté.
En dévoilant leur vision, le 31 mai dernier, les membres du consortium avaient annoncé le début d’un processus consultatif auprès des groupes communautaires et économiques, ainsi que des citoyens, afin de poursuivre la réflexion amorcée par la Ville de Montréal sur la mise en valeur de ce territoire.
Cet ambitieux projet, qui prévoit la réurbanisation de l’un des territoires les plus en vue de Montréal, en particulier les environs du Bassin Wellington, nécessitera des investissements de quelques milliards de dollars. Sa réalisation contribuera fortement à combattre la pénurie de logements, à lutter contre les changements climatiques en décourageant l’étalement urbain, et permettra à de nombreux citoyens et familles de rester ou de revenir vivre en ville.La suite des choses
Le regroupement de professionnels urbains continuera ses démarches auprès de la Ville de Montréal en visant l’élaboration d’une vision de développement commune et la réalisation des projets souhaités dans les meilleurs délais. Selon ses membres, il s’agit d’une opportunité unique de collaborer avec la Ville afin de développer avec intelligence et diligence ce secteur névralgique de la métropole.
Il poursuivra également le dialogue avec les parties prenantes et a confié un mandat à une firme indépendante pour mettre à jour les données économiques (entreprises, emploi, secteurs d’activité). Il déposera un mémoire à l’OCPM pour les consultations portant sur le Projet de Ville : vers un plan d’urbanisme et de mobilité.Le territoire
D’une dimension de 2,3 km2, le secteur Bridge-Bonaventure et la Pointe-du-Moulin chevauchent les arrondissements du Sud-Ouest et de Ville-Marie. Il est situé à proximité du Vieux-Montréal et en bordure du fleuve Saint-Laurent. Il constitue la porte d’entrée sud du centre-ville via notamment l’autoroute Bonaventure et le pont Victoria. Il comprend les sous-secteurs prioritaires la Pointe-du-Moulin, les bassins Peel et Wellington et le triangle de la Pointe Saint-Charles.