J’ai associé ce style de comportement aux personnages du roman de Robert Louis Stevenson : « L’étrange cas du Dr Jekyll et de Mr Hyde ». En résumé (si vous ne connaissez déjà l’histoire), Dr Jekyll est obsédé par sa double personnalité et met au point un médicament pour séparer son bon côté de son mauvais. C’est malheureusement ce dernier qui, apparaissant chaque nuit, prend finalement le dessus et le transformera en monstrueux Mr Hyde.
Vous avez peut-être rencontré un ou une Dr Jekyll : une personne qui vous promettait « l’amour pour toujours » ayant des comportements suffisamment agréables pour que vous envisagiez de former un couple uni. Puis, un beau jour, vous réalisez que vous ne reconnaissez plus la personne, faisant face à Mr Hyde : un monstre ! Que s’est-il donc passé ?! Comment en êtes-vous arrivé là ? Pourquoi votre cerveau ne peut admettre que celui ou celle que vous pensiez aimer et réciproquement devient la personne qui vous fait le plus souffrir au monde et, dans certains cas, vous méprise, vous hait et veut vous détruire ?
J’ai épousé Dr Jekyll et je me suis retrouvée, trois semaines après mon mariage, face à Mr Hyde !
Ayant moi-même épousé un homme avec lequel tout s’est bien passé pendant les années précédant notre mariage, persuadée que j’allais continuer « à faire son bonheur », je me suis retrouvée, trois semaines après avoir convolé en justes noces, face à un personnage que je ne connaissais et ne reconnaissais pas : un être froid et distant, méprisant, humiliant et cruel. Peu importe le temps que met Dr Jekyll à se transformer en Mr Hyde, que ce soit soudain ou progressif (ça peut être brutal – quand vous découvrez que l’autre vous trompe, par exemple ou après une rupture que vous pensiez d’un « commun accord » – ou se faire au fil du temps, insidieusement et sournoisement), votre cerveau refuse la réalité : il continue à chercher et attendre « l’amour » du bon Dr Jekyll qui a été remplacé, dans la même enveloppe corporelle, par Hyde, le monstre.
Le plus déstabilisant résidant dans le fait que votre partenaire de vie peut soit définitivement tomber et rester dans les chaussures de Hyde ou alterner, suivant les situations, entre « le bon » et « le méchant », soufflant tantôt le froid, tantôt le chaud. Et vous vous agrippez désespérément au « chaud » ou au « souvenir du chaud », restant la proie, en sidération, du mauvais côté de celui ou celle qui disait vous aimer. Rassurez-vous, ce n’est pas un mauvais tour de magie ni de passe-passe : l’explication est simple et rebondit, une fois de plus, sur la dépendance affective et donc émotive. Eh oui, encore !!!
L’Aspirine sur un mal de dents : l’aspirine.
Étant en déséquilibre affectif, quand une relation se profile à l’horizon, que vous souffriez de solitude ou non, vous espérez que cette fois-ci, ce sera enfin la bonne personne pour vous. À cheval donné, on ne regarde ni les dents ni la bride, cependant, quand il s’agit de choisir un partenaire de vie, mieux vaut évaluer les chances de compatibilités. Ce que vous n’avez probablement pas fait puisque cette promesse de former ENFIN un couple (l’aspirine) va alimenter votre envie (désespérée ?) d’être à deux ou encore remplir votre vide intérieur et calmer votre peur de la solitude (le mal de dents).
Bien sûr, comme on n’attrape pas les mouches avec du vinaigre et aussi parce que les deux, bien souvent, pensent être la solution l’un de l’autre, la séduction est de mise et on « beurre épais » (comme on dit au Québec !) des deux côtés de la tartine ! Il se peut que la personne qui vous fait la cour ou que vous courtisez y croit aussi à fond, au début, tout autant que vous, et s’investisse totalement, boostée par l’euphorie de ne plus ressentir le mal de dents anesthésié par l’aspirine. Et vous voilà baignant dans le « chabadabada » des « je t’aime » au bout d’une semaine, « je t’aimerai toujours » au bout de deux semaines à un mois, les « je n’ai jamais vécu ça avant toi », y ajoutant la pluie de compliments, les attentions, les cadeaux, les textos (sextos ?) dégoulinants de ❤️❤️❤️ et d’émojis en tous genres, les appels téléphoniques, la présence, l’importance que vous avez l’un aux yeux de l’autre, la volonté de vous rendre heureux réciproquement, les soupers romantiques, les voyages, la Saint-Valentin, la belle-famille et les amis respectifs, on fait un enfant voire plus ou encore on adopte un enfant ou les enfants de l’autre, on se marie parfois, on achète un bien immobilier, on partage les revenus, etc. Le tout bien que quelques (tous ?!) voyants lumineux rouges se soient allumés sur votre tableau de bord et que vous les ayez soigneusement ignorés, la relation tenant la route à grands coups de « sacrifices, concessions, compromis » (SCC*), puis, soudainement ou progressivement, elle explose en plein vol…
Quand les effets de l’aspirine se dissipent revient le mal de dents…
Bien évidemment, le rôle d’aspirine que joue le/la nouvelle partenaire de vie se dissipe au bout d’un temps plus ou moins long (trois semaines après le mariage, dans mon cas !). Chacun sait qu’anesthésier la douleur ne règle pas l’origine de l’infection : la peur de la solitude ou/et la volonté d’être en couple à tout prix. On peut comprendre que Jekyll, avec tous ses bons côtés, ait pu vous appâter et, une fois harponné et piégé, Hyde a pris le relai : c’est à ce moment-là qu’il aurait fallu prendre la fuite, cependant, attendant les promesses que le premier vous a faites et l’avenir merveilleux qu’il vous a fait miroiter, vous voilà incapable de vous sauver. Il y a bien pire : certain(e)s sont tombés sur Hyde directement, sans jamais rencontrer le Dr Jekyll et s’y sont attachés, accrochés, agrippés désespérément dans un semblant de relation humaine inhumaine, tout et n’importe quoi dans la souffrance plutôt que le célibat. Cet échange aux relents de sadomasochisme s’installe dans le mépris du bourreau pour sa victime dans un cadre où il n’y a jamais eu de bienveillance, ni de promesses alléchantes, ni de comportements séducteurs. Notez bien, au passage, combien la langue française est précise : on ne dit pas « tu m’as attaché à toi », mais bien « je me suis attaché à toi ». C’est donc bien de votre propre chef. Personne ne vous oblige à vous attacher à personne : vous le faites de votre plein gré, poussé par l’enfant intérieur qui s’agrippe à n’importe qui comme à un petit morceau d’épave du naufrage de sa vie. Dépendant viscéralement de l’autre à cause du grand vide intérieur qui vous habite et qui grandit au fil des années et des échecs amoureux, vous ne pouvez pas vous « détacher ». Bienvenue dans le monde de la dépendance affective et émotive…
Soyez indulgent envers vous-même et/ou envers ceux et celles qui sont pris dans le piège « Jeckyll & Hyde »
Vous risquez de passer par une phase où vous vous flagellez, voire vous fustigez, parce que vous vous trouvez lâche et absurde d’endurer tout et n’importe quoi, enfoncé dans votre détresse par un entourage qui ne vous comprenant pas et vous juge sévèrement (attendez donc que ce soit leur tour ! Et ils reviennent alors vers vous, l’oreille basse, vous présentant des excuses, parce que prisonnières du même piège). Permettez-moi de vous rassurer : tout le monde, sans exception, perd sa capacité à réfléchir, à prendre des décisions sensées, à fuir en étant en état de manque. Manque de drogue, manque d’alcool, manque de l’autre : ce sont des addictions. Et la définition de l’addiction, c’est qu’on ne peut plus s’en passer. Et l’autre peut vous faire vivre les pires situations, vous ne pensez qu’à une chose : avoir votre « shoot », c’est-à-dire l’idée d’être en couple, la présence de l’autre, peu importe dans quelles conditions. Sachez que vous n’êtes pas responsable de ce vide immense qui vous habite et qui vous pousse dans toutes sortes de situations abracadabrantes et souffrantes. En revanche, vous êtes responsable de tout mettre en œuvre pour vous prendre en main et vous libérer de cet enfant intérieur, ce terroriste terrorisé, en développant votre confiance et votre estime. Elles vous permettront d’être totalement adulte et donc de vous débarrasser de la dépendance affective et émotive et d’accéder à l’autonomie affective : vous ne serez donc plus dans le BESOIN d’un partenaire de vie qui conduit à la soumission et à la dépendance, mais plutôt dans le PLAISIR qui conduit à l’autonomie et à la liberté ! Si vous faites face, actuellement, à un(e) Hyde, faites-vous aider pour être capable de lui échapper et travailler sur vous pour repérer et fuir ou ne plus attirer du tout ce style de personnage. Car, la prochaine fois, vous tomberez sur pire que lui/elle : et pire que Hyde, c’est corsé !
Un article de Pascale Piquet, Coach certifiée ; la spécialiste de la dépendance affective et du bonheur