Les escouades mixtes à Montréal – Innovation ou extension de la répression des personnes en situation d’itinérance ?

Courtoisie

Les rues de Montréal sont de plus en plus investies d’une nouvelle forme d’intervention : les escouades au sein desquelles un policier travaille aux côtés d’un intervenant du CIUSSS ou de la Société de développement social (SDS). Un nouveau rapport, basé sur les perspectives des intervenant·es communautaires qui travaillent avec les personnes en situation d’itinérance, offre une analyse de ces « escouades mixtes ».

Intitulé Innovation ou extension de la répression : les perspectives des intervenant·es sur les escouades mixtes à Montréal, le rapport a été dévoilé lors d’une conférence de presse, le 20 septembre, au Plateau de travail de Sentier Urbain

Les escouades mixtes – de plus en plus commun à Montréal

La première escouade mixte à Montréal a été lancée en 2009 et depuis, elles sont de plus en plus nombreuses. Ces escouades axées principalement sur des situations impliquant des personnes en situation d’itinérance sont souvent décrites comme une innovation sociale et un passage d’une réponse policière répressive à une intervention de soutien. Dans le débat public, cependant, les perspectives des intervenants qui travaillent avec les personnes en situation d’itinérance brillent par leur absence.

Dirigé par Ted Rutland, professeur à l’Université Concordia, le rapport présente une analyse des escouades mixtes basée sur des entretiens avec 38 intervenant·es. Les perspectives qui ressortent de ces entretiens sont tout à fait différentes de celle que nous avons entendue jusqu’à présent. Le Réseau d’aide aux personnes seules et itinérantes de Montréal (RAPSIM) ayant soutenu la démarche et qui appuie les recommandations qui en ressortent remercie grandement l’équipe de chercheur·euses pour leur travail qui met en lumière tant d’enjeux au cœur des préoccupations et du travail du regroupement.Plutôt qu’une innovation, une extension de la répression

« À chaque fois, les intervenant·es ont raconté à l’équipe de recherche une histoire similaire : au lieu de soutenir les personnes en situation d’itinérance, les escouades mixtes ont renforcé la répression de ces dernières et ont entravé le travail des organismes communautaires de diverses manières, » explique Ted Rutland. « Il s’agit d’une conclusion importante à l’heure où de plus en plus de fonds publics sont alloués à ces escouades plutôt qu’aux groupes communautaires qui s’efforcent de répondre aux besoins des personnes en situation d’itinérance et d’apporter des solutions à long terme aux enjeux d’itinérance ».Au-delà des fausses solutions, vers un autre futur

En plus de décrire les effets des escouades mixtes sur les personnes en situation d’itinérance et le travail communautaire, le rapport propose sept recommandations et une approche différente de l’itinérance à Montréal.

« Les escouades mixtes ne sont pas une solution aux situations impliquant des personnes en situation d’itinérance, bien au contraire, » explique Jérémie Lamarche, collaborateur de la recherche et organisateur communautaire au RAPSIM. « La publication de ce rapport est l’occasion de rejeter ces fausses solutions et de s’engager dans une nouvelle direction qui soutient le travail des groupes communautaires, élimine les escouades mixtes et crée une nouvelle réponse non policière aux situations d’urgence dans la ville ».

 Pour consulter le rapport : https://www.dropbox.com/scl/fi/g4v2erpbxxtba5bsto018/rapport-sur-les-escouades-mixtes-20-sept-2023.pdf?rlkey=n5qaiy0ydgb7quifbn99poqhx&dl=0