L’UQAM et Pointe-à-Callière développent une approche originale et innovante pour détailler la nature des activités humaines au fort Ville-Marie

Courtoisie Société du musée d'archéologie et d'histoire de Montréal Pointe-à-Callière – crédit photo Michel Julien

L’Université du Québec à Montréal (UQAM) et Pointe-à-Callière, le complexe d’archéologie et d’histoire de Montréal, sont très fiers d’annoncer qu’une équipe conjointe a développé avec succès une nouvelle approche scientifique qui changera la manière dont les sols archéologiques sont étudiés, approfondissant la connaissance des activités humaines passées . Le projet réalisé en 2022-2023 sur le très important site archéologique du fort de Ville-Marie, construit en 1642, a permis de décrypter certains secrets enfouis dans le sol de la ville natale de Montréal.

Combinant des techniques de microbiologie et de paléomicrobiologie, la nouvelle approche repose sur la détection de l’ADN fossilisé, par opposition à l’ADN vivant , comme marqueur de l’activité humaine . Plus précisément, la méthodologie développée, fondée sur l’identification d’anciennes populations microbiennes dans les sols archéologiques, permet aux chercheurs de faire des déductions sur des activités humaines spécifiques au cours d’une période donnée. Les bactéries étant étroitement liées à leur environnement, elles sont directement associées aux activités humaines qui se déroulent autour d’elles. Une fois l’analyse terminée, les résultats sont comparés aux artefacts et aux écofacts pour confirmer ou infirmer les hypothèses des archéologues. C’est la toute première fois que cette méthode est appliquée aux sols archéologiques !

Grâce à ce partenariat atypique, les connaissances combinées de l’UQAM et de Pointe-à-Callière ont produit des résultats sans précédent dans l’approfondissement de la compréhension de l’activité humaine passée et des sites archéologiques. Ces premiers résultats laissent entrevoir la possibilité d’une large gamme d’applications, non seulement pour le fort de Ville-Marie, mais à terme, pour tous les sites archéologiques… et bien plus encore !

Un projet qui ouvre de nouvelles perspectives

La recherche a été dirigée par Cassandre Lazar , microbiologiste et professeure au Département des sciences biologiques de l’UQAM, et Marjorie Collette , étudiante à la maîtrise en biologie, en collaboration avec Hendrik Van Gijseghem , archéologue à Pointe-à-Callière.

« Lorsque l’équipe d’archéologues de Pointe-à-Callière m’a contacté en 2019, j’y ai vu une opportunité exceptionnelle et stimulante de faire avancer le domaine de la paléomicrobiologie appliquée à l’archéologie. Malgré d’importants défis techniques et financiers, nous avons obtenu des informations sans précédent. sur des traces de communautés microbiennes, qui proposent une réinterprétation de l’histoire de la fondation de Montréal. J’ai bon espoir que la méthodologie développée au cours de ce projet sera utilisée dans de multiples autres études archéologiques. Cassandre Lazar , microbiologiste et professeure UQAM

Les premiers résultats de cette nouvelle approche confortent certaines hypothèses des archéologues de Pointe-à-Callière sur les activités passées du fort Ville-Marie.

Par exemple, l’identification de communautés bactériennes associées à :

  • culture du tabac , renforçant l’idée que la consommation de tabac était élevée dans le fort, confortée par des fragments de pipe trouvés sur le site.

  • boucherie animale , confirmant que des travaux de boucherie avaient bien eu lieu au Fort Ville-Marie, ou peut-être même avant sa fondation, par des groupes des Premières Nations.

  • zones minières et de feu , favorisant peut-être des recherches archéologiques plus approfondies sur la présence potentielle d’une forge et d’un atelier de métallurgie sur le site.

Les résultats de cette étude ont déjà suscité de nouvelles réflexions au sein de l’équipe, quant à l’ existence possible de jardins potagers dans l’enceinte du fort et à la culture de plantes médicinales . Des recherches approfondies promettent de révéler de nouvelles informations sur les pratiques culturelles et économiques des occupants du fort, ainsi que sur les périodes antérieures au fort, comme celle de la mer de Champlain il y a plus de 13 000 ans !

«Le simple fait que nous puissions faire une distinction entre l’ADN des organismes fossilisés et ceux qui sont encore vivants, dans des couches de sols archéologiques datables, ouvre une toute nouvelle fenêtre sur notre connaissance des activités humaines et des écosystèmes anciens. Les communautés peuvent apporter un nouvel éclairage sur des aspects du passé sur lesquels les données archéologiques sont muettes ou, au mieux, équivoques. Il s’agit d’une toute nouvelle façon d’interpréter les contextes archéologiques, et je ne serais pas surpris de voir ce type d’analyse devenir la norme. pratique en archéologie, peut-être même dans le monde entier. Hendrik Van Gijseghem , PhD, Chargé de projets archéologie et histoire, Pointe-à-Callière

L’application éprouvée de cette méthodologie au Fort Ville-Marie confirme son potentiel pour l’archéologie et introduit de nouvelles perspectives sur notre compréhension du passé. Dans les mois, voire les années à venir, les équipes pourront évaluer toute l’ampleur de cette découverte.

Ce projet a été rendu possible grâce à la contribution du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada (CRSNG) .

À PROPOS DE L’UNIVERSITÉ DU QUÉBEC À MONTRÉAL
Ouverte et audacieuse, l’Université du Québec à Montréal (UQAM) est une université publique francophone comptant plus de 35 000 étudiants et quelque 300 000 diplômés. Elle offre plus de 350 programmes d’études, dont plusieurs sont uniques au Québec, au Canada et en Amérique du Nord , rattachés à l’École de gestion (ESG UQAM) ou à l’une de ses six facultés : arts, communication, sciences politiques et droit, sciences , les sciences de l’éducation et les sciences humaines. En plus de son campus au centre-ville de Montréal, au cœur de « l’économie du savoir », l’UQAM offre des programmes d’études complets ainsi que plusieurs autres programmes dans ses quatre campus situés en région métropolitaine. Depuis sa création en 1969, la qualité de son enseignement, ses activités de recherche axées sur les préoccupations sociales et son innovation scientifique et artistique ont contribué à sa renommée, ici et partout dans le monde. L’UQAM se classe première au Québec et sixième au Canada dans la catégorie des universités à vocation générale, selon Research Infosource.

À PROPOS DE POINTE-À-CALLIÈRE, COMPLEXE D’ARCHÉOLOGIE ET ​​D’HISTOIRE DE MONTRÉAL Inauguré en 1992, à l’occasion du 350
e anniversaire de la ville , Pointe-à-Callière est aujourd’hui le plus grand musée d’archéologie au Canada et le musée d’histoire le plus achalandé de Montréal. S’élevant au-dessus d’un nombre concentré de sites historiques et archéologiques d’importance nationale, dont le berceau de Montréal, le Musée a pour mission de préserver ses collections et d’approfondir les connaissances, tout en mettant en valeur et en favorisant l’appréciation du patrimoine archéologique et historique de Montréal. Cette mission se réalise à travers diverses activités axées sur la conservation, la recherche, la mise en valeur, l’éducation et l’inclusion, ainsi que des initiatives communautaires bénéficiant tant aux Montréalais qu’aux visiteurs de la ville. Pointe-à-Callière, fier partenaire de la ville de Montréal.