Lors de sa séance générale du 1er octobre, le conseil de Saint-Laurent a adopté une modification réglementaire visant à réduire la pollution lumineuse sur le domaine privé de son territoire. Cette mesure, qui s’adresse principalement aux industries, commerces et institutions, permettra de mieux protéger les écosystèmes et la biodiversité du territoire, de renforcer la sécurité routière, de favoriser la santé de la population et de gagner en efficacité énergétique.
« Tout comme pour notre réglementation de juin dernier destinée à protéger les oiseaux, nous sommes fiers d’être une fois de plus les premiers à Montréal à nous doter de mesures pour encadrer et limiter la pollution lumineuse. Voici une initiative au cœur du développement durable puisqu’elle permet non seulement de protéger la biodiversité, mais aussi de renforcer la sécurité routière et d’améliorer la santé et la qualité de vie des Laurentiens et des Laurentiennes ainsi que des travailleurs et des travailleuses de notre territoire. Si j’osais, je dirais que notre administration est très allumée et que le conseil prend des décisions éclairées! » – Alan DeSousa, maire de Saint-Laurent
Impacts négatifs de la pollution lumineuse
La pollution lumineuse désigne l’utilisation excessive ou inappropriée de la lumière artificielle. Celle-ci est particulièrement présente à Saint-Laurent puisque 70 % de son territoire est consacré aux activités industrielles et commerciales et qu’il borde l’aéroport international Montréal-Trudeau de même que plusieurs autoroutes, tout en incluant la cour de triage du CN.
La pollution lumineuse peut entraîner de nombreuses nuisances sur la qualité de vie et sur l’environnement. Déjà connue pour son impact sur le ciel nocturne, elle présente également des effets néfastes sur la biodiversité et les écosystèmes en modifiant les relations entre plantes et pollinisateurs ou entre proies et prédateurs, nuisant à la recherche de nourriture, à la reproduction ou à la migration. L’éblouissement qu’elle génère a aussi un impact négatif sur la sécurité des piétons et des automobilistes. De plus, la pollution lumineuse représente un gaspillage d’énergie et augmente ainsi la production de gaz à effet de serre. Enfin, elle présente un risque pour la santé humaine en entraînant un dérèglement de l’horloge biologique.
Nouvelles exigences
Le règlement RCA08-08-0001-170 modifiant le règlement RCA08-08-0001 sur le zonage a pour objectif d’encadrer et de limiter la pollution lumineuse sur le domaine privé sans compromettre la sécurité et le confort qu’apporte l’éclairage et en tenant compte des particularités du territoire.
Il touche quatre domaines d’intervention, soit la couleur, l’orientation, la période et la quantité de la lumière, selon les principes suivants :
- Définir les situations permettant l’utilisation de la lumière bleutée.
- Orienter les flux lumineux vers le sol.
- Réduire certains dispositifs d’éclairage après 23 h.
- Fixer la quantité maximum de lumière selon l’usage du terrain.
La modification règlementaire s’inspire des meilleures pratiques et des approches les plus innovantes, notamment de la norme “Éclairage extérieur – contrôle de la pollution lumineuse” 4930-100 (R2023) du Bureau de normalisation du Québec publiée en 2016 et de l’expérience tirée de la Réserve internationale du ciel étoilé du Mont-Mégantic.
Bâtiments concernés
Les nouvelles exigencesencadrent la pollution lumineuse à Saint-Laurent pour les catégories suivantes :
- Bâtiment d’usage industriel (I), de commerce de détail (C) ou de service (S)
- Habitation multifamiliale (h4), multifamiliale de service (h5), multichambre (h6)
Saint-Laurent ne disposant pas de pouvoir d’agir sur les sources lumineuses émanant des autoroutes, de l’aéroport et de la gare de triage, la nouvelle règlementation vise principalement les commerces et les industries à travers des dispositions applicables à l’éclairage des bâtiments, aux espaces de stationnement extérieur ainsi qu’aux enseignes et aux panneaux-réclames. Les flux lumineux doivent être orientés vers le sol et la couleur des sources lumineuses doit être limitée. De plus, à certaines exceptions près, l’intensité doit impérativement être réduite de 23 h à 6 h.
De même, il est exigé que les serres aménagées sur un toit commercial ou industriel qui disposent d’un système d’éclairage se dotent de rideaux.
Les usages unifamilial (h1), bifamilial (h2) et multiplex (h3) ne sont donc pas visés, tout comme certains équipements particuliers tels les luminaires dotés d’un détecteur de mouvement ou encore l’éclairage extérieur temporaire pour des activités spéciales : spectacles extérieurs, fêtes organisées par l’arrondissement, aires de construction ou autres travaux temporaires. D’autres exemptions sont établies pour l’éclairage extérieur relatif à la sécurité publique ou pour la mise en valeur d’un immeuble patrimonial.
Éclairage à DEL du domaine public : transition achevée à 90 % à Saint-Laurent
Depuis 2017, la Ville de Montréal effectue une transition de l’éclairage au sodium vers l’éclairage à diode électroluminescente (DEL) pour l’éclairage du domaine public. À Saint-Laurent, le projet sera bientôt complété puisque 90 % des équipements étaient remplacés à la fin de 2023 et ce chiffre atteint même actuellement les 98% pour les rues. Cette conversion au DEL permet en outre une économie de 60% sur la facture mensuelle de l’électricité.
Du côté des espaces publics, Montréal a d’ailleurs élaboré le « Guide d’aménagement durable des rues de Montréal ».
Ces nouvelles mesures qui s’inscrivent dans la vision Montréal 2030 répondent également aux deuxième et troisième objectifs du Plan d’urgence climatique 2021-2030 de Saint-Laurent, à savoir de réduire les émissions de gaz à effet de serre collectives et de protéger la biodiversité pour augmenter la résilience face aux aléas climatiques.