« Tu me manques » : le français serait-il dépendant affectif ?

Courtoisie Pexels

Les mots utilisés pour vous exprimer sont très révélateurs : ils traduisent votre perception du monde. En PNL (programmation neuro linguistique), nous étudions le langage (linguistique) de nos clients en coaching sachant que derrière chaque mot, chaque expression, il y a une émotion positive ou négative, selon votre façon de voir les choses.

Prenons l’expression « Tu me manques ». Dans le sondage proposé sur ma page professionnelle Facebook, vous avez exprimé (ce dont je vous remercie) ce que cette phrase produit en vous : certains y voient une preuve d’amour (d’attachement ?), quand d’autres y voient un signe de dépendance affective. Ce qui me fait sourire, c’est qu’en français, on met ça sur le dos de l’autre : « tu » me manques. Comme si l’autre le faisait exprès. Alors qu’en anglais (I miss you), en espagnol (te extraño) ou encore en allemand (Ich vermisse dich), vous en prenez la responsabilité : « je manque toi » et non « tu me manques ».

Quand vous entendez cette phrase, « tu me manques », vous comprenez que votre partenaire ne peut se passer de vous, qu’elle/il s’ennuie quand vous n’êtes pas à ses côtés. Pour une personne en déséquilibre affectif, c’est bon à entendre : ça y est, je lui manque, il/elle est « accro ». Mais pour une personne qui vit en harmonie avec elle-même et qui, ô grand jamais, ne prononcerait ces mots parce qu’autonome affectivement, ça sonne une cloche, pour ne pas dire « ça sonne le glas ». On peut y voir des relents de dysfonctionnement, du style « la Terre s’arrête de tourner, quand tu n’es pas là », pire « un seul être vous manque et tout est dépeuplé » (A. de la Lamartine).

De plus, la langue française vous met ça sur le dos en utilisant le « tu », comme si le « je » était innocent sur ce coup-là. Que pouvez-vous y faire si l’autre trouve le temps long sans vous ? Rien. D’autant que ce n’est pas votre responsabilité. Pire, si vous n’avez pas de sensation de manque, parce que vous avez une vie en dehors de l’autre et vous la vivez pleinement, il peut vous accuser d’être insensible ou pas amoureux.

Au lieu de « tu me manques », la personne bien dans sa peau préférera entendre : « Ça va être génial quand on va se retrouver », ce qui implique que si vous êtes séparés, vous vivez chacun de votre côté, occupé à vos activités, et quand vous pourrez à nouveau être en présence d’un de l’autre, ce sera une fête ! Parce que qui dit « manque » dit « dépendance ». C’est toute la différence entre le « besoin » et le « plaisir ».

Êtes-vous dans le « besoin » de l’autre, donc dans la dépendance et la soumission ? Ou bien êtes-vous dans le « plaisir » en présence de l’autre, ce qui signifie autonomie et liberté ? Peut-être que jusqu’ici, vous appréciez le fait de manquer à l’autre, mais maintenant que vous comprenez que manque = dépendance, est-ce que ça vous fait toujours vibrer ? Quand vous êtes la bouteille d’oxygène de votre partenaire qui se retrouve en apnée dès que vous vous éloignez, pensez-vous vraiment que votre relation repose sur l’équilibre ? Être responsable des états d’âme de l’autre qui vit un « high » quand vous êtes là et tombe dans le « down » dès que vous partez, vous parait-il sain ? Dans le cadre d’une relation dominateur/dominé, c’est parfait. Mais si vous souhaitez une relation équilibrée, l’un ne doit pas dépendre de l’autre : vous devez être deux personnes vivant en harmonie avec elles-mêmes, que vous soyez en couple ou momentanément séparés.

Remarquez ce qu’il se passe de différent dans votre corps, quand vous entendez : « Vivement qu’on se retrouve ! » plutôt que « Tu me manques » ?

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